L’historien de l’art est habitué à fréquenter les artistes du passé à partir d’archives, de témoignages d’époque. Il ne peut, par définition, les interroger sur leur démarche alors que l’examen des œuvres et des documents soulève mille énigmes qui, souvent, restent sans réponse. Échanger avec un artiste contemporain offre une approche infiniment plus vivante. C’est dire la plaisir que j’ai éprouvé à tourner cette série d’entretiens avec Jean-Pierre Sergent, que je connais depuis une quinzaine d’années et dont je suis le travail avec attention.
Dans ces cinq dialogues, nous abordons un large choix de sujets, des influences esthétiques qui entrèrent en jeu dans la formation du jeune peintre aux expériences canadiennes et surtout new-yorkaises qui le conduisirent à la maturité. Nous nous aventurons ensuite au cœur de sa démarche créatrice, où cohabitent deux thématiques que l’on a peu l’occasion d’associer, tant elles semblent opposées dans notre univers occidental pénétré de judéo-christianisme, la représentation sans concession du corps désirant et la spiritualité. Les deux derniers entretiens sont consacrés à la place de l’artiste dans la société d’aujourd’hui et à la définition que Jean-Pierre Sergent donne de la Beauté.
Dans cet exercice, l’historien questionne, joue peut-être le rôle d’accoucheur, mais il doit surtout savoir s’effacer le plus possible, car seule compte la parole de l’artiste.
Thierry Savatier, 13 septembre 2019.

Entretiens filmés en cinq parties, entre l'artiste Jean-Pierre Sergent et l'historien d'art Thierry Savatier (spécialiste de Gustave Courbet).
Photos de Christine Chatelet.